Intervenir plus dans la vie démocratique
CH+ - Deuxième place au Swiss Student Sustainability Challenge 201
La plupart des Suisses sont aujourd’hui sous l’influence permanente des médias, qui les attirent avec des systèmes de récompense. À l’inverse, ils sont moins motivés pour s’informer sur les candidats au Conseil national ou sur les prochaines initiatives. C’est là que le projet de Sophie Walker a une carte à jouer: Il s’agit d’une application incitant de manière ludique à aller voter. Ce projet repose sur une coconception, l’intégration neutre d’électeurs, d’experts et d’organismes issus de divers courants politiques. Un prototype de l’application sera testé pendant les élections fédérales, à l’automne 2019.
C’est pendant mes études pour obtenir une licence de design en communication et multimédia que j’ai découvert pour la première fois le concept des jeux éducatifs, les fameux serious games. Contrairement aux jeux de divertissement pur, les serious games intègrent aussi un aspect de transmission de connaissances. Ce mélange m’a tout de suite plu.
En me penchant plus sur le sujet, j’ai découvert non seulement une littérature importante sur la mécanique des jeux, mais aussi de nombreux articles scientifiques sur le motivation design et la psychologie comportementale. C’est ainsi qu’en peu de temps, j’ai réussi à détecter les techniques décrites sur les réseaux sociaux et dans les publicités que je voyais... Ces outils extrêmement puissants fonctionnent à merveille sur des réseaux sociaux sur lesquels les jeunes en particulier passent énormément de temps.
J’ai été effarée de constater que toute cette expertise sur la motivation et l’expérience utilisateur était majoritairement employée pour pousser à la consommation ou collecter des données personnelles. Lorsqu’on dispose de ces connaissances, il est de notre responsabilité, en tant que designers, de les exploiter de manière à aider les personnes à progresser dans leurs réflexions pour se forger leurs propres opinions.
Dans un monde complexe et globalisé tel que le nôtre, il est bien plus facile de regarder des vidéos de chats ou de jouer à des jeux que de s’informer sur les élections. Mon intention avec le projet CH+ est justement de trouver une parade à cela.
Le «CH» fait référence à la Suisse, mais aussi spécifiquement à notre système politique. Il faut comprendre «CH+» comme «Politique suisse +», le + étant une invitation à rejoindre le mouvement: CH+ moi, CH+ toi; chacun et chacune peut s’ajouter après le +. C’est un rappel que nous pouvons dessiner ensemble notre politique. «CH+» symbolise également le fait que la Suisse et la politique suisse ne sont pas isolées, mais qu’il y a toujours un +: nous ne sommes pas seuls au monde, ce qui serait d’ailleurs ennuyeux! Le signe + symbolise aussi l’esprit positif et constructif que nous souhaitons promouvoir à travers le projet.
Avec le prix obtenu pour la deuxième place du Swiss Student Sustainability Challenge, j’ai pu faire appel à un studio de développement qui s’est occupé du backend technique du premier prototype public, tandis que je continuais de m’occuper de la conception et du développement du frontend. En février nous étions prêts à lancer un premier test public, dans le cadre des élections du canton d’Uri.
Depuis quelques semaines, le projet CH+ bénéficie du soutien du programme «First Ventures» initié par la Gebert Rüf Stiftung et a intégré la SEIF Impact Academy .
Après avoir entrepris le projet CH+ dans le cadre d’un master à la Haute Ecole d’arts de Zurich, j’ai rendu ma thèse la semaine dernière. En juin, je finirai officiellement, et nous entrerons alors dans la phase de développement suivante.
Deux programmeurs vont travailler à temps partiel sur le projet. Prochain objectif: les élections cantonales de Bâle-Ville. Ce sera particulièrement enthousiasment pendant cette itération du projet de travailler avec le Parlement des jeunes.
Environ 250 volontaires ont accepté de tester le prototype, après la publication de notre appel dans les journaux locaux Urner Wochenblatt et Luzerner Zeitung. Les retours ont été extrêmement positifs. Ce qui me réjouit particulièrement, c’est que plus de 70% des participants ont indiqué que le prototype leur avait été utile pour remplir leur bulletin de vote.
Les nouvelles fonctions proposées n’ont pas seulement été considérées comme conviviales et attractives sur le plan esthétique, mais aussi comme utiles. Et le premier prototype a aussi passé avec succès un premier test A/B comparatif avec smartvote. L’aspect ludique n’a pas d’impact négatif sur la crédibilité du prototype, et le haut niveau d’interactivité a convaincu un grand nombre des testeurs.
Comme il s’agissait d’un premier prototype, des adaptations restent à faire en termes d’utilisation. Mais son intérêt est confirmé.
Le premier bilan est donc positif dans l’ensemble, ce qui nous motive à l’approche du nouveau cycle de développement pour les élections de Bâle-Ville.
Je suis ravie de relancer le travail avec le soutien de la nouvelle équipe en juin. Et je continuerai à rechercher de nouveaux financements, pour qu’elle puisse consacrer plus de temps au projet. Outre le développement de notre prototype pour Bâle-Ville, nous travaillons aussi sur notre business case, pour pouvoir nous adresser aux institutions de formation à l’avenir. La diversification de notre offre dans le domaine des jeux éducatifs fait aussi partie des hypothèses possibles dans la perspective de gagner notre autonomie financière.
C’est un grand soulagement pour nous d’avoir le soutien de la Haute Ecole d’arts de Zurich, dans le cadre du programme «First Ventures» de la Gebert Rüf Stiftung . J’apprécie aussi beaucoup le soutien de la SEIF Impact Academy , où l’expertise de mon mentor m’est précieuse sur les questions juridiques et comptables. Notre principal défi actuellement est de parvenir à élaborer un business case financièrement autonome pour l’aide aux élections, pour que le projet puisse s’inscrire dans la durée et que les membres de l’équipe puissent rester.